Comment les différentes cultures influençent-elles l’image corporelle ?
- Zoé DESBOUIS

- il y a 7 jours
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Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Cet article est la synthèse traduite d’une récente revue systématique* intitulée « Cultural Differences in Body Image: A Systematic Review » Marzieh Abdoli et al. 2024
*Une revue systématique est une synthèse qualitative appuyée sur un ensemble d’études ayant été estimées comme les plus fiables sur un sujet donné.
Ici, 54 études ont été sélectionnées parmi 2064 articles publiés sur ce sujet entre 1990 et 2023.
Introduction et définitions
L’image corporelle peut être définie comme l’ensemble des sensations, perceptions, pensées et émotions qu’expérimente une personne à propos de son corps et précisément de son apparence physique. Tout le monde a une image corporelle. Mais certaines personnes, à tous les endroits du globe, peuvent développer des troubles de l’image corporelle, causant de fortes préoccupations voire des souffrances dans différentes sphères de la vie.
Afin de proposer les solutions les plus pertinentes et adaptées en cas de troubles de l’image corporelle, cette revue s’attache à comprendre l’influence de différentes cultures sur l’image corporelle dans le monde. Chaque culture est un ensemble de valeurs, croyances, pratiques et normes sociales caractérisant un groupe.
Points clés de l’étude
Sans surprise, la revue conclut que les attentes et les normes de beauté de la société dans laquelle nous vivons vont en effet fortement influencer notre niveau de bien-être mental, dont notre perception de notre propre corps et notre vulnérabilité à développer des difficultés diverses au sujet de notre apparence physique.
Il existe notamment une nette différence entre la culture dite occidentale (« western culture ») au sens large (Europe centrale, Etats-Unis, Canada, Royaume-uni, Australie), et les cultures non-occidentales. En effet, la culture occidentale se démarque par son idéalisation constante de la minceur, même si le culte de la minceur est également important dans certaines autres zones du globe comme le Japon ou encore Hong Kong. Les autres parties du monde sont plus épargnées à ce sujet, en conséquence les individus qui y vivent ont globalement moins d’insatisfaction corporelle et moins d’envie de perdre du poids.
Bien sûr, au sein d’une même culture, d’une même société, il existe différentes régions et donc des différences régionales concernant l’image corporelle. Globalement, on observe des différences importantes entre les grandes villes et les campagnes. Par exemple, dans les zones rurales d’Afrique du Sud, les idéaux occidentaux ont moins d’influence que dans la capitale, ce qui implique que les individus vivant en zone rurale aspirent moins à la minceur.
Toujours sans surprise, la revue confirme que les jeunes de 18 à 25 ans sont particulièrement à risque de développer des troubles de l’image corporelle, comparativement à d’autres tranches d’âge. Et partout dans le monde, les femmes sont largement plus touchées que les hommes, cette disparité de genre étant particulièrement marquée chez les adolescent.e.s. Le nombre de jeunes hommes concernés est toutefois en augmentation. Cette vulnérabilité des jeunes est certainement due aux pressions perçues via les réseaux sociaux (les exposant à un idéal de beauté standardisé) ainsi qu’à la quête identitaire qui caractérise cette période de vie.
Les conclusions issues de cette étude
L’image corporelle se construit bel et bien différemment selon notre culture, et les troubles de l’image corporelle ne sont pas les mêmes ou ne s’expriment pas de la même façon au sein d’une culture ou d’une autre.
Il en ressort donc que les interventions visant à améliorer les troubles de l’image corporelle ne doivent pas être pensées dans le but d’être proposées à l’ensemble de la population mondiale ni même à l’ensemble des personnes vivant dans un même pays.
Parmi toutes les interventions visant à améliorer les troubles de l’image corporelle, les plus efficaces sont celles qui prennent en considération les cultures d’appartenance des individus (ainsi que l’intersection de plusieurs cultures chez une même personne).
En tant que soignant.es, thérapeutes, nous devons donc impérativement nous informer et nous former sur les particularités culturelles des personnes qui nous sollicitent afin de développer des outils d’accompagnement dont l’efficacité sera optimisée.
Nous devons également prendre en compte qu’à ce jour l’immense majorité des études sur l’image corporelle ont été réalisées sur une population occidentale avec plusieurs biais d’inclusion des participant.e.s, les connaissances que nous pouvons en tirer ne concernent donc absolument pas l’ensemble des personnes que nous accompagnerons au sujet des troubles de l’image corporelle.
Ecrit par Zoé DESBOUIS le 20/10/2025
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